DANS UN LIVRE condensé intitulé « Nous t’avons tant aimé », le Pr Bernard Debré, député (UMP) et membre du Comité national d’éthique (CCNE), revient sur le débat de l’euthanasie, un mot à la mode, « servi à tort et à travers, et dont nul ne sait plus aujourd’hui ce qu’il recouvre pour chacun et, a fortiori, pour la société ».
Cette nouvelle édition, qui s’inscrit plus de cinq ans après le vote de la loi Leonetti, lui donne l’occasion de mettre quelques points sur les i, notamment sur la question de l’acharnement thérapeutique, « sans doute l’une des plus complexes à gérer tant le terme est ambigu ». Pour les partisans du « droit de mourir dans la dignité », ce sont les médecins qui porteraient la responsabilité de cet acharnement. Erreur, répond l’urologue. « Dans neuf cas sur dix, ce ne sont pas les médecins qui poussent à aller plus loin dans le traitement d’un cas jugé désespéré mais la famille, voire le patient quand il est encore en état de s’exprimer ! », relève-t-il en s’appuyant sur sa pratique de médecin.
Selon lui, la première des dérives que provoquerait une loi sur l’euthanasie serait financière et comptable : « Soigner ce vieillard incurable et qui va mourir coûte cher. Aidons-le à s’en aller "dans la dignité" et consacrons l’argent qu’il nous coûte à des dépenses plus productives ! ». Quant aux futurs médecins, « voilà une bien curieuse activité qui s’offre à eux : "euthanasieur", activité : mise à mort ! » « Je vois d’ici la confiance qui s’installerait entre médecins et praticiens », poursuit le médecin. Il plaide en revanche pour le développement des unités de fin de vie, « qui restent d’une rareté intolérable » et permettent aux patients de « reprendre goût au filet de la vie », toute douleur disparue ou estompée.
Avec le franc-parler qui le caractérise, Bernard Debré élargit le débat, passant de l’euthanasie à la médecine prédictive, de l’avortement au clonage. « Et voilà la boucle bouclée : à l’origine de l’existence, le choix – imposé – de bébés parfaits et sans tare, des bébés sélectionnés dont le génome sera entièrement connu et déterminé avant la naissance ; et au crépuscule de la vie, la "gomme" législative qui nous permettra d’effacer ceux qui encombrent », écrit-il avec optimisme.
« Nous t’avons tant aimé - L’euthanasie, l’impossible loi », Éditions du Cherche-Midi, coll. « Documents », 160 p., 10 euros.
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