L’association Médecins bénévoles a été créée en 1984 sous l’impulsion de deux généralistes, les Drs Jacques Segal et Didier Lemaire. Cette structure est née d’un constat simple mais alarmant, explique le Dr Segal : « À l'époque, nous avons constaté que dans les foyers logements, comme ceux de la Sonacotra, de nombreuses personnes demeuraient sans accès aux soins. »
L’association est installée dans les Yvelines et compte huit médecins, deux pharmaciennes, deux assistantes sociales et une psychologue. Elle permet aux primo-arrivants d’entrer dans un processus d’obtention de papiers par le passage d’une visite médicale.
Les consultations durent en moyenne 30 minutes. Bien loin du rythme soutenu des consultations effectuées dans le cadre d’un camp de réfugiés, Médecins bénévoles octroie du temps à ses patients : « Ce qui nous différencie d’une grande ONG, où le médecin voit 50 personnes, c'est que, dans la nôtre, chaque médecin consulte 13 patients par jour. Nous prescrivons moins de médicaments car nous ciblons plus juste, sans nous éparpiller en examens inutiles », explique la Dr Fadoua Saab-Theyse, gynécologue et médecin bénévole dans l’association une fois par semaine.
Nous effectuons un véritable suivi, redonnons des rendez-vous, et les patients reviennent. Ils nous attendent. C’est génial !
Dr Fadoua Saab-Theyse, gynécologue et médecin bénévole
Parallèlement à son activité, ce médecin exerce dans l’humanitaire depuis quarante ans, et déplore le fait que les grandes ONG ne permettent pas de suivre les patients. À Médecins bénévoles, « nous effectuons un véritable suivi, redonnons des rendez-vous, et les patients reviennent. Ils nous attendent. C’est génial ! » s’enthousiasme-t-elle.
En complément, l’association a créé un véritable réseau qui permet de diminuer les délais de rendez-vous pour les examens complémentaires. Ainsi, une échographie ne réclame que quinze jours d’attente. La rapidité du paiement est assurée par l’association, qui règle directement tous les frais contractés. « Nos confrères acceptent plus facilement de prendre des patients sans papier car ils savent que nous les paierons. Parfois, nous avons de bonnes surprises. Certains radiologues reçoivent trois patients, et ne font payer que deux examens », se satisfait la gynécologue.
Des patients aux cultures différentes
Tout le personnel de Médecins bénévoles reçoit une formation spécifique pour accueillir et comprendre ces patients aux cultures et conditions de vie très différentes. Le Dr Segal se remémore l’histoire vécue par un jeune médecin qui demandait un jour à un patient : « Avez-vous mal là ? » L’homme répondit : « Oui. » Le jeune praticien appuya ailleurs : « Là aussi ? » Même réponse : « Oui. » Le jeune médecin s’était alors retourné vers le Dr Segal en s’exclamant : « Il se fout de moi ! » Ce jeune médecin ignorait que, dans certaines cultures, il est impossible de dire non, lui avait alors expliqué le Dr Segal.
« Il est indispensable de connaître l’état d’esprit des personnes en grande précarité. C’est fondamental si l’on veut soigner. Ce ne sont pas juste des corps qui avalent des pilules. Ce sont des femmes et des hommes qui ont besoin d’être, dans la mesure du possible, rassurés, écoutés et compris », conclut le généraliste militant.
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