À 35 ans, le Dr Pierre Balaz est médecin urgentiste au Bataillon de Marins-Pompiers de Marseille et réserviste au service de santé des armées à l’hôpital Sainte-Anne de Toulon. Mais c’est la passion du metal qui l’a conduit au Hellfest. « Lorsque CIR assistance m’a proposé de faire partie de l’équipe, j’ai réalisé un rêve : faire ce que j’aime, la médecine, dans une ambiance géniale. Je n’hésite donc pas à poser quelques jours de vacances pour me rendre chaque année à Clisson », déclare-t-il.
La société CIR assistance assure en effet l’encadrement médical de l’événement, épaulé par la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM) pour la partie secourisme. Pendant le festival, trois binômes médecin-infirmier assurent des shifts de douze heures – de 8 heures à 20 heures ou de 20 heures à 8 heures. Douze professionnels de santé sont ainsi constamment présents. Le Samu 44 est également sur place avec l’un des binômes précités et un ambulancier.
Ce travail nocturne lui a permis d’assister au désormais célèbre “Brutal Caddie”, un spectacle de joutes sur des caddies de supermarché
« Les équipes prennent plusieurs shifts, explique le Dr Pierre Balaz. En ce qui me concerne, je préfère les créneaux de nuit pour écouter quelques concerts la journée. » Ce travail nocturne lui a aussi permis d’assister au désormais célèbre “Brutal Caddie”, qui pourrait être défini comme un spectacle de joutes sur des caddies de supermarché. « Je craignais un peu de traumatologie mais nous n’avons relevé aucun incident. Les festivaliers font très attention les uns aux autres », souligne-t-il.
Sur le terrain
De fait, sur 280 000 personnes présentes, seuls 3 000 ont fait appel à un secouriste ou un médecin. Avec comme bilan final 25 évacuations, en grande majorité pour de la petite traumatologie nécessitant de passer une radio ou un scanner, et une seule urgence vitale. « Nous faisons face à des situations inhérentes au rassemblement de 280 000 personnes en plein été, développe le médecin. Cette année, nous craignions des coups de chaud liés à la canicule mais ce ne fut pas le cas grâce au travail de prévention réalisé en amont. »
La phase d’anticipation commence par le repérage du site six mois avant le festival. Sur place, les équipes logistiques et les professionnels de CIR assistance identifient notamment l’emplacement des futurs postes de secours en prenant en considération les différentes contraintes liées aux besoins d’isolement ou d’oxygénation. « Nous formons ensuite, avant l’événement, l’intégralité des personnels de soins, y compris ceux de la SNSM, aux protocoles à suivre, à l’emplacement du matériel disponible et, pour les plus jeunes sauveteurs, aux signes du coup de chaleur ou aux alertes nécessitant un avis médical. Pendant les concerts, en cas de canicule, des messages spécifiques sont adressés aux festivaliers et les points d’eau potable sont multipliés et renforcés », explique le Dr Pierre Balaz.
En termes d’organisation, les dispositifs nécessaires à la réalisation de sutures ou à la gestion des premières minutes d’une urgence vitale sont disponibles dans les différents points de rassemblement des victimes. Avec aussi, attenante au festival, une « authentique » salle de déchoquage. « Ce local en dur où il est possible d’intuber et de ventiler les patients borde une route afin de faciliter d’éventuelles évacuations, détaille le Dr Pierre Balaz. Durant le festival, le Samu 44 met en place une cellule de régulation déportée qui orientera la personne malade en fonction de la plateforme souhaitée, de la distance, de l’accessibilité et des places disponibles sur le mode d’une régulation classique. » L’équipe médicale est aussi en lien avec les pharmacies de Clisson, accessibles jour et nuit.
Solidarité des festivaliers
Si les festivaliers vivent en grande majorité en France, certains viennent du reste de l’Europe… voire d’Amérique du Sud. « Cette année, j’ai reçu un patient qui arrivait du Mexique. Mais là aussi, tout est anticipé. Nous veillons à ce que les équipes soient anglophones, hispanophones ou germanophones et, en cas de besoin, nous recourons à des applications de traduction », indique le médecin avant de remercier le public lui-même. « Je salue leur comportement. Les métalleux font preuve d’une solidarité incroyable. Si une personne chute, tout le monde s’écarte quelle que soit la densité de la foule. Et en cas de malaise, la prise en charge est immédiate. Quant au respect des équipes de secours, il est tout aussi exceptionnel », conclut l’urgentiste, particulièrement heureux de ce début d’été.
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