« C’est une grande déception pour la famille Grataloup », selon ses avocats. Le tribunal de Vienne (Isère) a jugé irrecevable, ce 31 juillet 2025, la demande des parents de Théo Grataloup, 18 ans, de lier ses malformations congénitales à l'exposition de sa mère enceinte, au glyphosate du géant de la chimie Bayer-Monsanto. Cet herbicide le plus vendu au monde a été classé en 2015 comme un « cancérogène probable » par le Centre international de recherche sur le cancer de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Il est interdit en France depuis fin 2018 pour un usage domestique. Son autorisation pour un usage agricole a en revanche été renouvelée en 2023 au niveau européen pour dix ans supplémentaires, malgré les promesses d’Emmanuel Macron de s’y opposer.
La mère de Théo, Sabine Grataloup, estime que le handicap de son fils, né avec l'œsophage et la trachée qui ne se sont pas séparés correctement, trouve sa source en août 2006 quand elle était enceinte et avait utilisé du Glyper, un générique de l'herbicide Roundup de Monsanto (depuis racheté par Bayer), à base de glyphosate, pour désherber une carrière d'équitation. Depuis sa naissance, Théo a subi une cinquantaine d’interventions chirurgicales pour reconstruire ses systèmes digestif et respiratoire. Il vit avec une trachéotomie depuis l'âge de 3 mois et connaît d’importants problèmes de dos.
Convaincus du « lien de causalité » entre le glyphosate et le handicap de leur fils, les parents avaient lancé en 2018 une action au civil pour faire reconnaître ce lien par les tribunaux. L'audience s'est déroulée le 3 avril devant le tribunal judiciaire de Vienne (Isère). Entretemps, des experts du Fonds d'indemnisation des enfants victimes d'une exposition prénatale aux pesticides (FIVP, organisme créé en 2020) ont reconnu, en mars 2022, la possibilité d'un lien de causalité entre l'exposition prénatale au glyphosate et les malformations congénitales et accordé une indemnisation au jeune homme via la Mutualité sociale agricole à hauteur de 1 000 euros par mois.
Manque de preuves sur l’utilisation du glyphosate, selon le tribunal
Le tribunal a pris le contrepied du FIVP, dont les avocats de Bayer avaient contesté l’expertise. Dans son jugement rendu en délibéré que l'AFP a pu consulter, il estime que la famille Grataloup n'a pas apporté la preuve suffisante que du glyphosate a bien été utilisé par la mère. Les déclarations de Sabine Grataloup, « ne sont confortées par aucune facture, ou autres pièces, propres à établir l'achat d'un bidon de Glyper au cours de l'été 2005 qui aurait pu être utilisé au cours de l'été 2006 », écrit le tribunal. Il considère aussi que les photographies produites par la famille d'un bidon du Glyper, utilisé par la mère de Théo et distribué par la société Novajardin, ne peuvent correspondre au produit acheté en 2005 car distribué par une autre société.
Ces éléments « ne permettent pas de retenir avec la certitude requise que ce désherbant était du Glyper », a conclu le tribunal, reconnaissant néanmoins que Bayer/Monsanto « pouvait être considéré comme étant le producteur ».
« C'est évidemment une grande déception pour la famille Grataloup et pour nous. (...) Ce dossier mérite d’être soumis à la Cour d’appel », a indiqué le cabinet d'avocats de la famille, dans un communiqué.
De son côté, Bayer « prend acte du jugement (...) qui n’a retenu aucune responsabilité à l’encontre du groupe. Cette décision intervient après plus de sept ans de procédure, dans un contexte humain douloureux, que l’entreprise n’a jamais ignoré ».
« Cette décision illustre les limites d’un système judiciaire qui exige une preuve impossible à apporter : démontrer avec une certitude absolue le lien entre un produit toxique, le glyphosate, et les graves atteintes à la santé d’un enfant », a réagi l’ONG Générations Futures.
Cancer rénal : le pembrolizumab associé à l’axitinib confirme sa supériorité à long terme
SEP : la phase prodromique durerait quinze ans, marquée par des consultations à la hausse
L’ANSM ajoute deux dérivés de la kétamine à la liste des stupéfiants
L’efficacité de la clozapine est améliorée par les ISRS et les IRSN