Après avoir été retoqué lors d’une première demande, un nouvel anticorps monoclonal anti-amyloïde devrait prochainement faire son entrée sur le marché européen. Le donanémab (Kisunla, Eli Lilly) a reçu, le 24 juillet 2025, un avis positif du Comité des médicaments à usage humain (CHMP) de l’European Medicines Agency (EMA), pour l’octroi d’une autorisation de mise sur le marché, dans le traitement de la maladie d’Alzheimer (MA) symptomatique précoce chez des adultes non porteurs ou hétérozygotes de l'apolipoprotéine E ε4 (ApoE ε4). Le feu vert final de la Commission européenne devrait être donné « dans les prochains mois ».
Le laboratoire avait soumis une première demande qui avait été refusée fin mars 2025 en raison du taux élevé d’effets indésirables graves à type d’hémorragies et œdèmes cérébraux visualisés à l’IRM (Aria pour amyloid related imaging abnormalities) ; il avait aussitôt fait appel. Le laboratoire Eisai Biogen avait connu un sort similaire pour sa demande de mise sur le marché du lécanémab (Leqembi) pour le traitement des formes légères de MA, en essuyant un premier avis négatif (en cause, le risque d’Aria) avant de recevoir son autorisation européenne en avril 2025.
Ces deux molécules, autorisées aux États-Unis après des parcours semblables, sont très attendues des associations de patients : « l’autorisation du Kisunla en Europe envoie un signal fort d’espoir », a ainsi déclaré la Fondation Vaincre Alzheimer. « Ce traitement ne guérit pas la maladie, mais il cible une de ses causes majeures, ajoute-t-elle, il représente un pas vers des thérapies plus efficaces et personnalisées ». Et France Alzheimer de rajouter qu’il s’agit « du second traitement contre la maladie d’Alzheimer à être autorisé en Europe, ce qui permet notamment de fournir un arsenal thérapeutique plus important aux professionnels de santé ».
Pour obtenir l’avis positif du CMHP, le laboratoire Eli Lilly a mené un nouvel essai clinique, Trailblazer-Alz-6, évaluant l’intérêt d’un schéma modifié de doses pour diminuer l’incidence des Aria. Ces données ont fait pencher la balance. Le CHMP a indiqué que l’administration du donanémab devra toutefois être faite par une équipe formée à la détection, à la surveillance et la prise en charge des Aria, le risque restant présent. Pour rappel, le Leqembi a finalement obtenu un avis positif du CHMP à partir des données d’une analyse de sous-groupe de l’étude initiale, qui a montré que le risque d’Aria était moins élevé chez les non-porteurs ou hétérozygote ApoE ε4. En effet, la demande initiale d’Esai Biogen concernait les patients avec une démence ou un déclin légers, quel que soit leur statut.
13,7 % d’effets secondaires avec l’escalade de doses contre 23,7 % avec le schéma standard
Dans l'étude Trailblazer-Alz 6, le schéma posologique en escalade a réduit l'incidence et la sévérité des ARIA par rapport au schéma de l'étude Trailblazer-Alz 2 à 24 et 52 semaines, tout en atteignant des niveaux similaires d'élimination des plaques amyloïdes et de réduction de la p-tau217.
Les auteurs de Trailblazer-Alz 6 ont en effet évalué dans une cohorte de 843 patients plusieurs schémas modifiés : standard, escalade, saut de dose ou concentration maximale, selon une randomisation 1 :1 :1 :1. Publiés dans Alzheimer’s & Dementia, les résultats montrent une réduction de 10 points du taux d’effets indésirables à 24 semaines dans le bras « escalade » : de 23,7 % d’effets indésirables dans le bras standard à 13,7 % pour le bras « escalade » (et 18,6 % dans le bras « saut de dose » et 18,3 % dans le bras « concentration maximale »). À 52 semaines, les taux étaient similaires : 24,2, 15,6, 18,6 et 18,8 %, respectivement.
Le donanémab, administré par perfusion mensuelle, montre ainsi son efficacité pour ralentir significativement le déclin cognitif et fonctionnel, et réduire le risque de progression vers le stade clinique suivant de la maladie. De surcroît, le laboratoire a présenté en late breaking à l’Alzheimer's Association International Conference 2025 (Toronto, Canada) les résultats à long terme de l’étude d’extension de Trailblazer-Alz 2 montrant qu’après l’arrêt du traitement, la ré-accumulation de plaques amyloïdes était contenue à un taux de 2,4 centiloid (cl) par an (échelle quantitative d’interprétation de la magnitude du signal PET-amyloïde).
Le trontinémab de Roche entre en phase 3
Loin de renoncer, après les échecs du crénézumab puis du ganténérumab, le laboratoire Roche développe actuellement un autre anticorps monoclonal anti-amyloïde, le trontinémab. Après des données de sécurité et de tolérance « favorables » présentées à l’International Conference on Alzheimer’s and Parkinson’s Diseases 2025 (Vienne, Autriche), le laboratoire suisse a annoncé lancer une phrase 3. Sur 114 patients, le trontinémab a permis de baisser le taux de plaques amyloïdes dans le cerveau sous le seuil des 24 cl et de réduire le taux de la p-tau217 chez 81 % des patients, selon des résultats préliminaires. Les Aria à type d’œdèmes sont survenues chez moins de 5 % des participants.
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