Bien qu’initialement pratiqué dans les eaux hawaïennes depuis des générations, le surf aquatique a gagné en popularité depuis le début du XXe siècle, au point de devenir au début du XXIe siècle une discipline olympique particulièrement remarquée en 2020 aux Jeux de Tokyo puis à ceux de Paris en 2024. Dans le même temps, en raison de cette médiatisation, ce sport exigeant s’est considérablement répandu dans la population générale, tout particulièrement dans les régions du Sud-Ouest national.
Pour la saison estivale, le journal de l’Académie américaine des chirurgiens orthopédiques consacre une revue détaillée aux lésions de l’appareil locomoteur induites par ce sport occasionnellement brutal.
Bien que sollicitant de façon prédominante les membres inférieurs, le surf aquatique n’épargne aucune région anatomique. Que ce soit pour des reprises d’équilibre ou de station debout verticale sur la planche confrontée à une nouvelle vague, l’ancrage des pieds sur sa plateforme précaire impose des contorsions inhabituelles. Ces dernières sont répercutées jusqu’aux hanches avec un positionnement en valgus à la fois pour tenter de rétablir la stabilité et manœuvrer la direction de la planche. Tous les niveaux du membre supérieur sont également mis à contribution, principalement l’épaule pour nager ou pagayer. Quant à la colonne rachidienne ainsi qu’à l’extrémité céphalique, elles sont soumises à des efforts d’hyperextension indispensables au redressement.
Une épidémiologie mieux cernée
L’équipe orthopédique new-yorkaise du CHU de la Columbia University a analysé, région par région, tous les sites lésionnels rencontrés dans la pratique de ce sport. En préambule, il apparaît que 98 % des adeptes de surf subiront, un jour ou l’autre durant leur carrière, une blessure. Un tiers d’entre elles nécessitera une prise en charge médicale spécialisée et parfois prolongée. Bien qu’en majorité, ces atteintes ne requièrent pas de séjour hospitalier, un cinquième voire un quart imposeront un passage au bloc chirurgical.
L’extrême diversité de l’environnement marin rend compte du risque accidentogène, avec des profils dynamiques de vagues imprévisibles, des profondeurs variables à l’extrême, un fond marin quelquefois encombré de coraux ou autres reliefs contendants. La géographie locale parfois mal maîtrisée par le sportif l’expose à des contusions d’éventuels bancs de sable lors des phases de décélération de la vague.
Une forte variabilité lésionnelle
L’extrémité céphalique reste très exposée puisque plus d’un quart des blessures rencontrées concernent la tête et/ou le cou. Le degré de gravité en est variable, avec occasionnellement la survenue de commotions cérébrales poussant, dans certaines régions du globe, environ 10 % des sportifs réguliers à porter un casque approprié, mais sans certitude de l’efficacité absolue de cette protection, ce d’autant que le rachis cervical conserve sa vulnérabilité.
Le membre supérieur n’est pas épargné. Le mode aigu comporte la luxation d’épaule et des fractures, fermées ou ouvertes, à n’importe quel niveau du membre supérieur. Ces lésions résultent d’impacts directs avec la planche elle-même, l’eau ou le sable du fond marin. Le mode chronique est le domaine des lésions dégénératives de la coiffe par surmenage lors d’activités en élévation du membre mais aussi l’instabilité récidivante de l’épaule mono ou multidirectionnelle.
En miroir du membre supérieur, tous les niveaux du membre inférieur sont exposés à de telles blessures, par impact direct ou surmenage chronique. En traumatologie aiguë, un tiers des atteintes concernent le pied, un sixième la jambe et un sixième le genou. À ce dernier niveau, la prédominance revient aux entorses plus ou moins graves du ligament collatéral médial et/ou aux lésions méniscales.
Pour ce qui est de la colonne rachidienne, là encore, les forces vulnérantes peuvent revêtir un mode aigu ou chronique. Un centre de traumatologie multidisciplinaire dit « de niveau 1 » observe que plus de la moitié des blessures graves du surf concerne la colonne rachidienne. Les lésions rachidiennes aiguës sont le produit d’un contact brutal avec le fond marin. Elles s’accompagnent parfois de complications neurologiques voire médullaires, avec tout le spectre de gravité envisageable : paraparésie, para- voire tétraplégie, hyperesthésie, incontinence urinaire… La durée de handicap induite par ces complications est fonction de la gravité lésionnelle.
Sensibiliser à la prévention
Les auteurs ont tenté de systématiser les actions de prévention possibles sous la forme de l’acronyme mnémotechnique original « Water » : le W représente le « wear », c’est-à-dire les combinaisons de plongée à adopter pour éviter les risques d’hypothermie et d’inévitables lacérations cutanées ; le A désigne la position en abduction des membres inférieurs, dans l’attente de la vague, à la fois en vue d’une meilleure stabilité et pour esquiver la percussion/compression par la planche de l’intérieur des cuisses ; le T indique la prudence sur le « timing » en fréquence et durée des séances sportives ; le E insiste sur les exercices préparatoires réguliers indispensables au renforcement du muscle couturier, dont le « rembourrage » est utile pour servir de « parechoc » à la fois dynamique et statique à la face médiale de la racine du membre inférieur ; le R enfin rappelle l’importance du respect de périodes de repos et de récupération.
En raison de l’extrême polymorphisme des blessures du surf, les soignants doivent être familiers des spécificités de cette traumatologie. Une connaissance d’autant plus utile que notre littoral est propice à la pratique de ce sport.
C. A.Popkin, The Journal of The American Academy of Orthopaedic Surgeons, juillet 2025, 33 (13), 731-735
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