Actualité dans la prise en charge des arrêts cardiaques

Un constat amer

Publié le 18/06/2015
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Le pronostic de l’arrêt cardiaque extrahospitalier demeure catastrophique (survie inférieure à 5 %) ; toute évolution potentielle a donc un intérêt majeur.

Dispositifs automatisés de massage cardiaque, un intérêt réel

L’arrivée de ces dispositifs a suscité de grands espoirs. Ils assurent un massage continu et de qualité constante. Mais ils n’ont pas permis d’améliorer significativement le pronostic de l’arrêt cardiaque. Ils ne devraient donc pas figurer en première ligne dans les nouvelles recommandations. Cependant, leur intérêt est réel car ils rendent possible le transport d’un patient en arrêt cardiaque vers la circulation extracorporelle ou le prélèvement d’organes à cœur arrêté.

Adrénaline : des avis divergents

Après avoir remis en cause l’intérêt de la ventilation dans la prise en charge initiale, des études récentes ont réenvisagé celui de l’adrénaline. Si celle-ci favorise la reprise d’une activité cardiaque et l’arrivée à l’hôpital des patients réanimés, elle ne permet pas d’augmenter la survie ultérieure. Ce constat résulte, pour l’essentiel, d’études réalisées dans un système de prise en charge de type anglo-saxon, paramédicalisé. Les équipes françaises des SAMU ne le partagent pas. Les registres français qui ont vu le jour récemment devraient permettre de confirmer ce sentiment.

Hypothermie : des résultats mitigés

L’hypothermie avait suscité des espoirs, les résultats des dernières études sont plus mitigés. Il apparaît que la lutte contre l’hyperthermie est un enjeu majeur sans que le bénéfice de l’hypothermie elle-même soit évident. Elle semble néanmoins pouvoir être encore proposée aux patients réanimés au décours d’un trouble du rythme ventriculaire (et non à ceux réanimés avec une asystole). Il n’est pas certain qu’elle doive être débutée en préhospitalier.

La place de la famille

Une étude française récente a montré que le fait de proposer aux proches de la victime d’un arrêt cardiaque d’assister à la réanimation avait un impact très positif sur leur deuil. Il est probable que cette pratique figurera dans les prochaines recommandations.

Au final, le constat est amer. L’essentiel des stratégies thérapeutiques actuelles n’a pas permis d’améliorer le pronostic de l’arrêt cardiaque. Pour la plupart, leur usage même est remis en cause. Finalement, la seule évolution significative concerne les proches de la victime dont la prise en charge peut être améliorée.

(1) SAMU 93 - UF Recherche-Enseignement-Qualité, Université Paris 13, Sorbonne Cité, EA 3509. Hôpital Avicenne, Bobigny

(2) Croix Rouge Française – Délégation de Seine-Saint-Denis

Pr Frédéric Lapostolle (1)

Source : Bilan spécialiste