Au Samu de Paris, Yannick Neuder avait fait le 22 juillet un point d’étape sur les forces en présence dans les Samu et services d’urgences de France. « La situation est plutôt maîtrisée », s’était alors félicité le ministre de la Santé. Deux semaines plus tard, ce n’est pas du tout l’avis de Samu-Urgences de France (SUdF) qui, sondage à l’appui, décrit un paysage sanitaire fortement fragilisé par la pénurie de généralistes régulateurs libéraux.
Sur les 100 Samu existant en France, SUdF en a audité 55 dans une enquête flash réalisée du 10 au 16 juillet 2025. Premier constat : en plein été, « la régulation libérale fait défaut dans la moitié des territoires, faisant peser une contrainte supplémentaire sur les urgentistes », analyse l’organisation. Et si 96 % des services d’accès aux soins (SAS, dispositif de régulation en journée) sont opérationnels, « la régulation libérale de médecine générale, pierre angulaire de cette organisation, montre des signes de tension préoccupants avec un retentissement sur la qualité de service impactant également la médecine d’urgence ».
Sans compter, ajoutent les urgentistes, que les mécanismes de suppléance en cas de pénurie de régulateurs libéraux « sont trop peu nombreux et parfois bloqués par des freins réglementaires ou locaux ».
La nuit profonde en mal de régulation
Dans le détail, 60 % des Samu signalent des plages horaires non couvertes par les médecins régulateurs généralistes en juillet et août. Parmi eux, un tiers estime devoir travailler deux jours sur sept sans ce filet de sécurité.
Toujours selon cette enquête, la moitié de la semaine est dépourvue de régulation médicale libérale dans un quart des départements.
Aux horaires de permanence des soins, la nuit profonde (entre minuit et 8 heures) est un moment « particulièrement critique puisque dans 30 % des départements, aucune plage de régulation libérale n’y est assurée », insiste l’organisation présidée par le Dr Marc Noizet. Enfin, seuls 5 % des établissements ont bénéficié d’une compensation financière pour suppléer ces carences et renforcer le nombre de médecins régulateurs.
Que faire ? SUdF a quelques idées. La première consiste à reconnaître le service d’accès aux soins comme une mission de service public à part entière, afin de déployer « un cadre permettant la mise en place d’une obligation de continuité de fonctionnement » et, en creux, de donner un petit coup de pression côté régulation libérale.
Autre idée : permettre aux médecins libéraux remplaçants de participer à la régulation en diurne et en nocturne (en leur nom et en sus du médecin remplacé).
Enfin, les urgentistes militent pour la création d’une compensation financière en faveur des établissements de santé « dès lors que le Samu doit assurer les missions de régulation de médecine générale du SAS ou de la PDS ambulatoire ».
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