Quelle tenue vestimentaire doivent porter les médecins pour être perçus favorablement par leurs patients ? Alors que les attentes sociétales ont évolué, des chercheurs coréens et chinois ont analysé les dernières données disponibles. Leur travail est publié dans le BMJ Open.
« La tenue vestimentaire des médecins trouve son origine chez Hippocrate, qui suggérait aux médecins d'être propres, bien habillés et d'appliquer des onguents parfumés », rappellent les auteurs de la revue systématique. Ce n’est qu’à la fin du XIXe siècle que des tenues spécifiques se généralisent. Les médecins portaient alors « principalement des vêtements noirs, car les visites médicales étaient considérées comme des occasions sérieuses et formelles », est-il raconté. Au XXe siècle, avec « l'importance croissante accordée à l'hygiène et aux progrès scientifiques en médecine », les blouses blanches ont commencé à représenter « la propreté et le professionnalisme », devenant progressivement « la tenue standard ».
Pour disposer de données actuelles sur la perception des patients, les auteurs ont analysé les résultats de 32 études publiées entre 2015 et 2024 aux États-Unis principalement (17 études), mais aussi en Asie (Japon, Chine, Pakistan, Indonésie, Inde, Corée, Malaisie, Singapour, Arabie saoudite), en Afrique (Éthiopie) et en Europe (Allemagne, Suisse).
Des variations selon la spécialité et le genre
Globalement, la blouse blanche reste associée à une image de professionnalisme et suscite la confiance des patients. Mais des variations importantes sont observées selon le contexte clinique, la spécialité médicale et le sexe du médecin. Les femmes médecins portant une blouse blanche sont par exemple souvent confondues avec des infirmières ou des assistantes médicales. Une erreur d'identification observée systématiquement dans différents contextes culturels, est-il relevé.
En chirurgie, les hommes portant une blouse blanche par-dessus leur tenue d'hôpital étaient moins bien vus que ceux portant un costume avec une blouse blanche, une tenue d'hôpital ou un simple costume. En revanche, les chirurgiennes en blouse blanche par-dessus leur tenue d'hôpital étaient préférées à celles en costume ou en tenue décontractée. « Cette préférence concorde avec des données récentes indiquant que les femmes médecins sont souvent davantage jugées sur leur apparence que leurs homologues masculins. La tenue vestimentaire des femmes médecins influence significativement la perception de leur compétence et de leur professionnalisme, soulignant les attentes sexistes des patients », écrivent les chercheurs.
Les perceptions varient aussi selon la spécialité. Dans les services de soins intensifs, tels que les urgences et les blocs opératoires, le « pyjama » était systématiquement privilégié, « ce qui témoigne d’une association modérée à forte avec le professionnalisme et la préparation », analysent les auteurs. À l’inverse, la tenue des médecins en soins palliatifs n'a pas eu d'impact sur la confiance des patients ni sur le présupposé de leurs compétences.
En soins primaires, les résultats étaient mitigés : « Certaines études suggèrent qu’une combinaison de tenue décontractée et de blouse blanche pouvait favoriser l’accessibilité et la communication, tandis que d’autres ne montrent aucune préférence claire », résument les auteurs. Pour certaines spécialités, le port de la blouse est systématiquement préféré. C’est le cas en dermatologie, neurochirurgie et ophtalmologie. Pour les anesthésistes et les gastroentérologues, c’est le pyjama qui inspire le plus confiance et professionnalisme.
« Renforcer la confiance »
Quelques études ont par ailleurs exploré l’impact du Covid sur les perceptions. Au plus fort de la crise sanitaire, les patients exprimaient une préférence marquée pour les médecins portant un pyjama et des équipements de protection individuels (EPI), tels que les masques. Cette évolution reflète une sensibilité accrue aux mesures de prévention des infections.
Dans l’ensemble, les résultats démontrent que la tenue des médecins influence « systématiquement et significativement la perception qu'ont les patients du professionnalisme, de la confiance et de la communication », résument les auteurs. Selon eux, cette perception variable selon les contextes « nécessite des codes vestimentaires adaptables aux environnements cliniques et aux attentes des patients afin de renforcer leur confiance et leur satisfaction ».
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