Parti en milieu d’après-midi, mardi 5 août, du petit village de Ribaute, dans l’Aude, le plus gros incendie de l’été en France a parcouru en trois jours 17 000 hectares de végétation et de pinède, dont 13 000 brûlées. Quinze communes ont dû faire face aux flammes, 36 habitations et une quarantaine de véhicules ont été détruits ou endommagés, selon le bilan provisoire de la préfecture établi ce 7 août. Au moins 1 850 pompiers et 600 engins étaient toujours mobilisés en fin d’après-midi. Deux mille foyers étaient encore privés d’électricité.
Entre Carcassonne et Narbonne, les villages du massif des Corbières restent sur le qui-vive. C’est aussi le cas des hôpitaux des deux villes et, dans une moindre mesure, de celui de Perpignan, un peu plus au sud.
Alors que les routes sont saturées par les embouteillages ou coupées par les autorités pour des questions de sécurité, les difficultés pour les établissements de santé sont multiples : comment faire face à l’afflux potentiel d’évacués et de blessés ? Comment permettre aux soignants de rejoindre les établissements alors que les conditions de circulation sont délicates et mobiliser suffisamment de personnels dans une période de vacances estivales et de plannings allégés ? Comment s’assurer de la continuité des soins aux urgences, services qui souffrent régulièrement de pénurie médicale ?
Des ambulances privées en renfort
En accord avec l’ARS Occitanie, l’hôpital de Carcassonne a en priorité renforcé les équipes d’assistants de régulation médicale pour éviter la saturation des lignes d’appels. Des flottes d’ambulances privées ont également été appelées pour épauler le Samu hospitalier. Pour l’instant, les plannings sont complets, les équipes soignantes et les lits disponibles en nombre suffisant, précise l’hôpital au Quotidien.
En réponse au conseil départemental et à la préfecture, la plateforme médico-logistique de l’hôpital de la cité médiévale (et plus largement, du groupement de coopération sanitaire de plusieurs établissements de la région) a également mis à disposition des pompiers et des personnes évacuées un food truck. En 24 heures, près de 1 000 repas complets et 750 salades composées ont été distribués dans la commune de La Palme, auprès des équipes du service départemental d’incendie et de secours (SDIS) à Lavalette, Fabrezan et Théran-des-Corbières, dans une salle polyvalente où a été mise à l’abri temporairement la population, notamment les personnes évacuées d’un camping.
Engagement sans faille des soignants
À Narbonne, qui a déjà été confrontée à trois grands incendies depuis le début de l’été, l’hôpital s’est mobilisé dès mardi. Première préoccupation : anticiper l’éventuelle évacuation des deux Ehpad et du foyer d’accueil médicalisé (FAM) de Ribaute. L’hôpital a donc ouvert une cellule de crise pré-plan blanc, qui se réunit deux fois par jour pour faire le point sur les équipes, les plannings et sur les lits disponibles (en coordination territoriale notamment avec les hôpitaux de Lézignan et de Port-La-Nouvelle).
Bloqués par les flammes, des soignants qui étaient dans l’établissement mardi n’ont pas pu repartir chez eux ; l’hôpital a mis à leur disposition des chambres de garde. Les plannings ont été revus en tenant compte des retards et des difficultés liées au manque de soignants. « Comme pendant la crise sanitaire, les professionnels de santé sont très impliqués, précise la communication de l’établissement. Beaucoup sont venus aider d’eux-mêmes, ceux qui étaient bloqués ou en retard et ont appelé leurs collègues pour essayer de s’organiser au mieux. Aux urgences, nous sommes un peu limite sur les forces médicales mais pour l’instant, nous n’avons pas eu besoin de déclencher le plan blanc et il n’y a eu aucune réquisition de personnels. Nous sommes sereins mais nous y sommes prêts si besoin. »
À ce jour, l’hôpital de Narbonne a reçu cinq victimes des flammes : une personne brûlée a été évacuée au CHU de Montpellier et l’une des quatre autres personnes accidentées a été envoyée au CHU de Toulouse.
Dans un point de situation tenu devant la presse ce jeudi à 17 heures, la préfecture de Narbonne a fait part d’une « progression du feu [qui] se ralentit » mais en constatant toujours « un feu actif », soulignant qu’il n’y a pas « de notion de feu fixé ou de feu maîtrisé ». Outre les deux blessés graves hospitalisés à Montpellier et Toulouse, le bilan humain fait état d’une sexagénaire décédée. Les personnes portées disparues ont été retrouvées.
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