Exercer la fonction de président de commission médicale d’établissement (PCME), c’est devenir un couteau suisse avec une maîtrise parfaite de l’usage de chaque lame. Comment ? Voilà la question a laquelle répond le généreux guide (près de 150 pages) que viennent de concocter l’ARS Grand Est et la conférence des présidents de CME de centres hospitaliers. En voici les principales clés de lecture.
• Organiser une prise de fonction méthodique
Écouter, décider, arbitrer et gérer les conflits ; définir des objectifs et animer des réunions ; argumenter, négocier et communiquer efficacement… Ce qui frappe d’emblée, c’est le nombre écrasant de tâches et de responsabilités auxquelles est soumis le PCME, à qui on réclame pléthore de compétences et de qualités humaines pour tenir la barre. D’autant que son labeur principal consiste à mettre en œuvre le projet médical de l’établissement pour une période de cinq ans, avec un bilan intermédiaire à dresser tous les ans.
Dès son premier jour de fonction, le PCME doit prendre rendez-vous avec le directeur pour parler agenda, missions et moyens afférents. La première semaine, il lui est conseillé de réunir son bureau et de préparer son plan de communication. Le premier mois, place à la formation de PCME, un métier qui n’est pas inné. Place aussi à la politique, avec une rencontre avec le président du conseil de surveillance, le plus souvent maire de la ville. Enfin, à la fin du premier trimestre, la charte de gouvernance de l’établissement doit être finalisée et tous les membres des directions fonctionnelles de l’hôpital rencontrés ; il est alors temps pour le PCME de se faire connaître au niveau de la branche régionale de la Fédération hospitalière de France (FHF).
• Incarner la fonction à l’intérieur et à l’extérieur de l’hôpital
Le PCME est le représentant de tous les médecins mais aussi, le cas échéant, celui de l’hôpital et de la communauté médicale à l’extérieur, auprès de l’ARS, des universités et des élus. « Vous devez ainsi perdre la “casquette” de votre métier même si vous gardez une activité clinique de façon à garder la légitimité d’être le représentant de tous », estime le guide.
Le PCME doit donc, pour frayer avec le monde extérieur, connaître les instances régionales qui, sous l’égide de l’ARS, organisent la démocratie sanitaire. Il a notamment son siège à la Conférence régionale de la santé et de l’autonomie (CRSA), dont le guide explique bien les enjeux politiques.
• Devenir un pro du fonctionnement de l’hôpital
Le PCME doit connaître les différents rouages de son établissement et les pouvoirs qui s’y exercent – et qui parfois s’opposent : directoire, conseil de surveillance, comité social d’établissement, etc.
Le vademecum donne aussi des clés sur toutes les sous-commissions et comités de la CME : le Clan, le Clin, le Clud, la commission EPP, le Coviris, la Comedims, la Cops… Il faut s’accrocher.
En principe, un PCME d’établissement ne peut pas être, sauf exception, également président de la CME du groupement hospitalier de territoire (GHT). Mais, insiste le guide, il est « indispensable » de participer aux réunions et à l’élaboration du projet médical partagé en lien avec le projet médico-soignant de son propre établissement. Ce qui réclame de maîtriser a minima les règles de fonctionnement d’un GHT. Pas simple.
• Se faire DRH
Chargé des entretiens annuels des chefs de pôle, le PCME est dans l’obligation de connaître très finement les statuts des praticiens hospitaliers, leurs grilles de salaires, leurs primes, leurs droits aux congés. Une évaluation du déploiement des entretiens professionnels est présentée régulièrement en CME (indicateurs, satisfaction des praticiens, etc.). Elle donne lieu à une actualisation du volet médical du projet managérial de l’établissement.
• Ne pas avoir peur des textes réglementaires
Le guide fournit aux PCME une ressource documentaire efficace sur la réforme du régime des autorisations, qui accentue depuis 2021 le niveau d’exigence des conditions de techniques de fonctionnement des hôpitaux et favorise la gradation des soins hospitaliers. On retrouve notamment dans le vademecum des QR codes vers tous les textes réglementaires des 21 activités de soins autorisés. Très pratique pour le PCME, qui n’a pas le choix : il « doit se saisir du sujet pour l’intégrer dans la politique médicale et celle de la qualité et de la sécurité des soins », dont il est, avec le directeur de l’établissement, le responsable et le garant.
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