A LORS que l'efficacité du Bupropion (amfebutamone) a été déjà démontrée dans le sevrage tabagique, chez des patients tout-venant, aucune étude ne s'était jusqu'à présent intéressée à la population des fumeurs atteints de bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO). Selon un travail publié dans « The Lancet », cet antidépresseur fait preuve d'aptitudes similaires chez ces victimes de complication de leur tabagisme et chez les autres. Originalité du travail, cette molécule est le premier non-nicotinique enregistré dans le sevrage tabagique aux Etats-Unis.
Les auteurs américains ont mené une étude randomisée, en double aveugle, contre placebo auprès de 404 fumeurs atteints de BPCO légère à modérée. Consommation moyenne : 15 cigarettes par jour. Tous les sujets enrôlés ont reçu des conseils de sevrage tabagique, 204 d'entre eux ont eu la thérapeutique effective (150 mg deux fois par jour), 200 le placebo. Le tout pendant 12 semaines, en débutant le traitement 7 jours avant la dernière cigarette.
Plusieurs étapes ont été fixées dans l'analyse de l'abstinence. Tout d'abord de la 4e à la 7e semaine, 57 des 204 sujets sous amfebutamone (28 %) avaient tenu le coup, contre 32 des 200 sous placebo (16 %). De la 4e à la 12e semaine, il n'étaient plus que 36 à résister (18 %) grâce au médicament, contre 20 (10 %). A la 26e semaine, 32 ne fumaient toujours pas (16 %), mais ils n'étaient plus que 18 (9 %) dans le groupe placebo. Cette supériorité par rapport au placebo était encore constatée trois mois après arrêt thérapeutique.
Principal responsable des rechutes
Le manque de nicotine est bien connu comme principal responsable des rechutes. Les marqueurs de ce symptôme ont montré une nette réduction dès la 4e semaine et une baisse maintenue jusqu'à la fin de l'étude, chez les sujets traités.
Point positif pour le médicament, les fumeurs de l'étude étaient plus âgés, en moins bonne santé et avaient fumé plus et plus longtemps que ceux des travaux antérieurs sur la molécule. Ils avaient plus souvent échoué dans des tentatives de sevrage, le plus souvent avec des dérivés nicotiniques. Peut-être étaient-ils plus résistants à de tels traitements que d'autres.
Quant à la gent féminine, il est dit qu'elle s'arrête plus difficilement que ses compagnons masculins. Peut-être en partie par crainte d'une prise de poids. A la fin de l'étude, les femmes sous amfebutamone avaient pris 2 kg de moins que celles sous placebo (non significatif), elles avaient connu davantage d'échecs que les hommes.
Un distinguo a été fait entre les patients atteints de BPCO de stades I et II. Les plus sévèrement atteints ont eu de moins bons scores d'abstinence que ceux du stade I, mais des résultats identiques ont été relevés dans le groupe placebo. Enfin, des épreuves fonctionnelles respiratoires n'ont pas été réalisées en fin d'étude pour juger d'une éventuelle amélioration.
Dans un éditorial accompagnant la publication américaine, deux médecins australiens précisent que : « Bien que l'efficacité relative de la molécule soit similaire à celle publiée dans d'autres études, le taux d'arrêt définitif du tabac est plus faible. Lorsque l'on prend en compte les données existantes sur ce médicament, cette étude fournit une confirmation supplémentaire de l'efficacité supérieure du Bupropion sur le placebo. »
D. P. Tashkin et coll., « The Lancet », vol. 357, 19 mai 2001, pp. 1550 et 1571-1575.
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