M EME si le gouvernement n'a pas encore définitivement tranché, en ce qui concerne ses mesures de maîtrise de dépenses de médicaments, il est de plus en plus probable que les baisses de prix constitueront l'essentiel de ce dispositif, alors que l'arme qui consiste à dérembourser certaines spécialités ne sera guère, ou même pas du tout, utilisée.
Et ce, malgré les verdicts de la commission de la Transparence (instance chargée, par Martine Aubry, de passer en revue l'ensemble de la pharmacopée française) qui estime, dans le rapport qu'elle a transmis il y a quelques jours au gouvernement, que 18,5 % des médicaments actuellement pris en charge par la Sécurité sociale avaient un service médical rendu (SMR) insuffisant, c'est-à-dire une efficacité médiocre.
Selon la commission qui a réévalué 4 490 médicaments, le « service médical rendu » est jugé insuffisant pour 18,6 % d'entre eux (soit 835), modéré ou faible pour 18,7 % d'entre eux (840) et enfin majeur ou important pour 62,7 % (2 815). Cela montre, note un membre de cette instance, que la grande majorité des médicaments qui sont aujourd'hui sur le marché sont réellement efficaces, « ce qui casse le cou à une certaine légende qui prétendait le contraire ».
Si 56,4 % des médicaments (dont les mucolytiques) d'ORL-pneumologie obtiennent un SMR insuffisant, en revanche, on note que 87,7 % des produits utilisés en anesthésie-réanimation ont un SMR majeur ou important. Cela est également le cas pour 87,9 % des spécialités de cancérologie et de 93,4 % des spécialités d'infectiologie.
Divergences
La commission de la Transparence ayant achevé son travail, reste aux politiques à en tirer les conclusions et à prendre des décisions. C'est là que le débat est contradictoire entre les responsables des ministères des Finances, de l'Industrie et des Affaires sociales. Le dossier est maintenant directement traité par Matignon, qui cherche à concilier les différentes positions. « Mais d'ores et déjà, commente un expert, les déremboursements semblent exclus. Et l'on se dirige plutôt vers de nouvelles baisses de prix pour les médicaments au SMR insuffisant.»
Une méthode déjà appliquée par Martine Aubry qui avait décidé, en juillet dernier, des réductions de prix de 20 % étalées sur trois ans pour un certain nombre de spécialités déjà épinglées par la commission de la Transparence. On semble aller dans la même direction, avec sans doute, note un autre connaisseur du dossier, « des baisses de prix plus importantes et plus nombreuses ». « Mais jamais, ajoute-t-il, je n'ai entendu parler, au cours des dernières discussions, de déremboursements ».
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