L E 20 janvier dernier paraissait dans le « Lancet » un article cosigné par Philippe Menasché (hôpital Bichat, Paris), qui décrivait les résultats cliniques d'une première autogreffe de myoblastes dans le myocarde.
Cette intervention avait été réalisée en juin 2000 chez un patient insuffisant cardiaque âgé de 72 ans. Il avait reçu dans le cadre d'un double pontage coronarien une greffe de cellules prélevées dans la cuisse, mises en culture et multipliées in vitro avant d'être réinjectées dans le tissu cicatriciel. Au cours du « Paris Course on Revascularisation » qui vient de se tenir à Paris (22-25 mai), il a présenté ses derniers résultats sur la phase I de cet essai de transplantation sous-épicardique de myoblastes.
Entre juin 2000 et avril 2001, 5 patients insuffisants cardiaques (NYHA III) de sexe masculin, âgés respectivement de 72, 66, 68, 39 et 55 ans ont été inclus dans cette phase d'étude clinique préliminaire. Deux d'entre eux avaient présenté un infarctus inférieur, deux un infarctus antérieur et le dernier une lésion inféro-latéral. Leur fraction d'éjection systolique moyenne était inférieure à 0,30. Le nombre de cellules réinjectées a été en moyenne de 800 10 puissance 6, dont plus de 65 % de myoblastes dont la culture avait nécessité 16 jours en moyenne. Les cellules ont systématiquement été réinjectées au cours de pontages bitronculaires. Un des patients est décédé en postopératoire d'un infarctus mésentérique. « Après un suivi de 3 à 10 mois, nous avons noté une amélioration symptomatique chez tous les patients survivants et une majoration de la fraction d'éjection systolique de 13 % en moyenne. A l'examen échographique et à l'IRM, nous avons noté une récupération de la contraction myocardique dans la zone injectée. »
Réinjection de cellules souches
Au cours du même congrès, le Dr Doris Taylor (Durham, Etats-Unis) a présenté les résultats de techniques de réinjection de cellules souches au niveau du myocarde dans des modèles animaux d'insuffisance cardiaque postischémique. « Outre la moindre quantité de cellules souches disponibles par rapport aux myoblastes, l'une des différences majeures entre les deux techniques d'injection tient au devenir de ces cellules une fois injectées. Les myoblastes, en effet, adoptent les capacités contractiles de cellules musculaires, même s'ils sont injectés dans un environnement de cellules lésées, alors que les cellules souches tendent à reproduire le même type de contraction que les cellules environnantes », explique le Dr Taylor. « Mais nous n'en sommes qu'au début des travaux sur les cellules souches et, à l'avenir, des améliorations techniques devraient permettre de les utiliser au niveau du myocarde lésé ».
Une équipe de cardiologues interventionnels néerlandais, dirigée par le Dr Patrick Serruys a présenté une première réinjection de myoblastes par voie endoventriculaire. La patiente, insuffisante cardiaque classe III âgée de 75 ans, a bénéficié d'une greffe de 40 millions de cellules, à l'aide d'un cathéter introduit dans l'artère fémorale et guidé jusqu'au niveau de la région ischémique du ventricule à l'aide d'un système de contrôle radiologique. « L'intervention s'est bien passée et nous allons maintenant procéder à un suivi clinique et paraclinique rigoureux. Il n'est pas exclu que nous procédions à une nouvelle injection de cellules chez cette patiente dans un proche avenir », explique au « Quotidien » le Dr Patrick Serruys.
« A l'heure actuelle, aucune étude animale préclinique n'a encore démontré l'efficacité d'une telle technique et il faut aussi noter que le nombre de cellules injectées est très faible, quand on sait que près de 80 % d'entre elles meurent dans les heures qui suivent, au cours d'interventions de réinjection. Selon les résultats des premiers cas de réinjection endoventriculaire - l'équipe néerlandaise a reçu du gouvernement l'autorisation d'effectuer ce type d'intervention sur 5 malades -, cette technique pourrait trouver une place complémentaire à celle que nous employons, sans pour autant la remplacer. Les réimplantations de myoblastes pourraient ainsi être accessibles à un plus grand nombre de patients puisque qu'elles pourraient être effectuées par des cardiologues interventionnels », commente pour « le Quotidien » le Pr Philippe Menasché.
« The Paris Course on Revascularization », Paris, 22-25 mai 2001.
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