PRATIQUE
I. LE DISCOURS AUX PATIENTS
Ce qu'on mange et ce qu'on croit manger
Vous avez décidé de maigrir ou de mieux manger. Il va donc falloir remodeler votre alimentation. Mais la connaissez-vous bien ? C'est une des choses les plus difficiles qui soit. Il y a ce qu'on mange et ce qu'on croit manger ; il y a ce que nous avons décidé de manger et ce qu'on nous propose à l'extérieur, en famille, au restaurant ; les habitudes familiales qu'on nous a données ; notre plaisir de manger, notre faim véritable et nos fringales, nos peurs, nos émotions...
Un état des lieux
Le cahier alimentaire, carnet de bord alimentaire, vous propose de faire un « état des lieux » de votre comportement alimentaire.
Comment remplir ce cahier ? En écrivant au fur et à mesure tout ce que vous mangez, ou bien chaque soir (ce qui va exercer votre mémoire alimentaire).
- Au petit déjeuner, combien consommez-vous de pain ? Combien mettez-vous de confiture ? Une cuillère, deux, etc. ? Avez-vous déjà regardé la composition de vos céréales ? Combien y a-t-il de sucres ajoutés ? C'est écrit sur le côté. Un sucre pèse 5 g (donc 35 g de sucres ajoutés = 7 sucres). Si vous prenez du jus d'orange, est-ce une orange pressée ou un jus de fruits en bouteille ?
- Au déjeuner, êtes-vous chez vous, à la cantine, dans votre bureau, etc. ? Mangez-vous « le plat du jour », de la viande, une assiette de féculents, ou bien deux, voire trois... ? Combien de portions de fromage mangez-vous ? (une portion équivaut à 1/8 de camembert, soit 30 g). Combien de morceaux de pain ? Qu'avez-vous bu ? Etc.
- Mangez-vous dans l'après-midi ? Nombre de biscuits, de morceaux de chocolat, boissons (la plupart des boissons sucrées des distributeurs automatiques contiennent au moins deux sucres).
- Le dîner : êtes-vous à la maison, avec des amis, au restaurant ? Notez tout. Rien n'est mal en alimentation, tout est une question de mesure ! Nombre de cuillères à soupe d'huile dans la salade familiale, nombre de verres de vin, etc. Mangez-vous devant la télévision ? Précisez-le.
La faim
Beaucoup de personnes disent ne jamais ressentir la faim. Où en êtes-vous de cette sensation ? Essayez de coter, à chaque prise alimentaire, votre « quantité de faim ». Vous le ferez de la manière suivante :
- +++ : j'ai extrêmement faim, j'ai « une de ces faims ! » ;
- 0 : je n'ai pas faim du tout ;
- + : j'ai une toute petite faim ;
- ++ et +++ : j'ai davantage faim.
Si vous mangez alors que vous avez 0, pourquoi ? : vous mangez parce que c'est l'heure, parce que vous êtes fatigué ou parce que vous êtes énervé, en colère ou que vous vous ennuyez, etc.
A la fin du repas, êtes-vous rassasié, ou continuez-vous à manger alors que vous n'avez plus faim ? Si oui, pourquoi ?
Une notion essentielle : les gens en équilibre pondéral ne mangent que lorsqu'ils ont faim et s'arrêtent de manger quand ils n'ont plus faim.
Exercice
Vous avez fait de l'exercice physique, marché plus que d'habitude ? Notez-le.
Ce carnet de bord peut devenir un exercice passionnant, car il va vous aider à mieux vous connaître ».
II. POUR LE PRATICIEN
Tester le questionnaire
Dans un premier temps, réalisez vous-même ce questionnaire. Cela va vous permettre de vous rendre compte d'éventuelles difficultés.
Mettez le futur cahier en face du patient au fur et à mesure que vous lui expliquez comment le remplir.
Proposez au patient de relire ce cahier une semaine plus tard. Le simple bon sens lui permettra parfois de dépister des erreurs grossières.
Suggérez alors à certains patients de commencer à modifier ce qu'ils pensent raisonnable de changer.
Pour avoir un « panorama » alimentaire, le cahier doit être rempli sur plusieurs semaines. La lecture doit, bien sûr, être exempte de tout jugement qui mènerait droit à l'échec. De surcroît, le praticien doit s'assurer que son patient entend et comprend chacune des recommandations.
L'analyse de l'alimentation du patient
L'appréciation de l'alimentation de votre patient(e) d'après le cahier passe par la lecture parfois difficile de l'écriture manuscrite.
Il est simple de dépister des erreurs grossières : pas de petit déjeuner ; déjeuner insuffisant qui va se traduire par les dérapages de l'après-midi et de la soirée ; abus évident de sucreries, de graisses, d'alcool, etc.
Une alimentation apportant environ 2 000 calories, chez la femme entre 15 et 60 ans, équilibre les dépenses énergétiques usuelles (métabolisme de base, thermogenèse, activité physique classique) . Les rapports recommandés (protides : 15 %, lipides : 30 % et glucides : 55 % de l'apport des calories totales) doivent devenir un repère permettant, au fur et à mesure de la lecture du cahier, d'analyser les choses.
Un étalon
Spontanément, nous associons un « étalon » à la plupart des aliments : plutôt que 15 g de sucre, dites trois morceaux de sucre, plutôt que 60 g de pain, un quart de baguette, plutôt que 10 g d'huile, 1 cuillère à soupe.
Un test
Proposez au patient un test de connaissances, sous forme de questions-réponses, sur l'alimentation « normale, équilibrée » ( cf. 2e partie), afin de comprendre les erreurs et de commencer à pouvoir modifier les apports et le mode de vie alimentaires.
L'établissement par le médecin d'un partenariat étroit avec son patient est le fondement de la réussite en matière de diététique. Sans lui, tous ces efforts sont vains.
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