Des brouillons d'écrivains à déchiffrer

Publié le 09/04/2001
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Livres

S OUS ce titre, la Bibliothèque nationale de France organise une grande exposition qui, de Charles d'Orléans à Georges Perec en passant par Pascal, Jean-Jacques Rousseau, Victor Hugo et beaucoup d'autres, présente plus de deux cents manuscrits donnant à voir le travail des plus grands auteurs et, par là même, permettant d'approcher les mystères de la création littéraire.

Ce n'est pas seulement le sujet même de l'exposition qui est passionnant, mais la façon spectaculaire dont celle-ci est mise en scène : sorte de lilliputien, le visiteur se déplace entre d'immenses lais de tissus foncés qui sont suspendus du plafond jusqu'au sol et représentent des morceaux de pages, sur lesquels les calligraphies s'imposent en clair.
L'exposition s'organise en quatre parties.
La première, « Histoire(s) de manuscrits », retrace du Moyen Age à l'époque moderne l'émergence du manuscrit d'écrivain, le XIXe siècle consacrant solennellement sa place avec le fameux geste de Victor Hugo qui lègue à la Bibliothèque nationale l'ensemble de ses manuscrits, en 1881.
Une deuxième partie, plus intimiste, « Ateliers d'écrivains », utilise le témoignage du manuscrit pour pénétrer dans l'univers de travail des plus grands, dévoilant la démarche propre à chacun : Hugo, Flaubert, Proust, Sartre, Perec mais aussi des poètes et des philosophes.
Les différentes étapes de « la Fabrique du texte » - notes, plans, rédaction, corrections... - servent de fil conducteur à la troisième partie, permettant de comparer et d'opposer les pratiques d'écriture.
Et la dernière partie, « Ecrire aujourd'hui », est évidemment centrée sur l'utilisation du traitement de texte ; le geste d'écrire, voire l'écriture, se modifient : le brouillon d'écrivain est-il appelé à disparaître, ou à connaître d'autres métamorphoses ? François Bon, Emmanuel Carrère, Michel Chaillou, Jean Echenoz et Linda Lê témoignent de la manière dont ils utilisent leurs machines, leurs interviews étant retranscrites sur des écrans.
Car l'exposition fait largement appel aux bornes multimédias et aux vidéos. On peut ainsi découvrir un texte en train de s'écrire grâce à des scénarios numérisés à partir d'extraits d'œuvres d'auteurs comme Paul Valéry, Flaubert, Emile Zola ou Jacques Roubaud.

Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand (quai François-Mauriac, Paris 13e), jusqu'au 24 juin ; du mardi au samedi de 10 h à 19 h, le dimanche de 12 h à 19 h. Entrée : 35 F, tarif réduit : 24 F.
Tables rondes autour de l'exposition les 26 avril, 3 et 30 mai site François-Mitterrand. Publication d'un livre-catalogue sous la direction des commissaires Marie Odile Germain et Danièle Thibault : « Brouillons d'écrivains », 240 p., ill. coul., 240 F

FRENEUIL Martine

Source : lifbl.com: 6895