L A maladie d'Alzheimer, rappellent Yuichi Hashimoto et coll., est la plus fréquente des maladies neurodégénératives. Une molécule capable de contrôler la mort neuronale pourrait représenter un traitement curatif.
On connaît trois sortes de gènes mutants qui provoquent un Alzheimer familial à début précoce : le précurseur de la protéine amyloïde (APP), la préséniline 1 (PS1) et la préséniline 2 (PS2). De nombreux arguments indiquent que ces trois gènes peuvent induire une mort neuronale ou augmenter la susceptibilité des neurones à d'autres agressions.
Un objectif important dans la quête d'un traitement de la maladie d'Alzheimer est donc la recherche de molécules capables d'empêcher la mort neuronale induite par ces trois gènes. C'est dans ce contexte que l'équipe de Yuichi Hashimoto (dont Jochen Lang, Talence) annonce, dans les « Proceedings » de l'Académie des sciences américaine, l'identification d'un cDNA encodant un petit polypeptide appelé Humanine (HN).
Alzheimer familiale et sporadique
Les chercheurs montrent, in vitro, que l'Humanine supprime la mort neuronale induite non seulement par les trois gènes en cause dans l'Alzheimer familial à début précoce, mais aussi par l'amyloïde bêta (Aß), en cause dans l'Alzheimer sporadique.
Sans entrer dans les détails des expérimentations in vitro, le mécanisme par lequel l'Humanine supprime la neurotoxicité de l'Aß est différent du mécanisme qui s'oppose à la mort neuronale induite par les trois gènes impliqués dans l'Alzheimer familial à début précoce. Mais, en tout état de cause, cette action concernant l'Aß suggère fortement que l'Humanine pourrait atténuer la mort neuronale dans l'Alzheimer sporadique, forme dans laquelle la neurotoxicité de l'Aß pourrait contribuer à la perte neuronale.
Un petit polypeptide synthétisable
En résumé, les propriétés de l'Humanine suggèrent qu'il pourraient être à la base d'une protection des neurones contre la mort cellulaire dans l'Alzheimer :
- il protège complètement les neurones contre la mort induite par l'Aß ;
- il inhibe la mort neuronale induite par les gènes mutants APP, PS1 et PS2 ;
- ce petit polypeptide codé par le cDNA de HN est synthétisable ;
- il semble relativement spécifique ; il n'a pas d'effet contre la mort neuronale rencontrée dans la maladie de Huntington, l'ataxie spinocérébelleuse ou la SLA familiale.
« Bien que des études complémentaires soient nécessaires pour étudier la toxicité, nos résultats suggèrent que HN et ses dérivés constituent des points de départ pour rechercher de nouveaux traitements neuroprotecteurs dans la maladie d'Alzheimer », concluent les auteurs.
« Proc Natl Acad Sci USA », 22 mai 2001, pp. 6336-6341.
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